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Séance des ministres

Mardi, 9 février, de 10 h 15 à 12 h, Salle 200

Tentée pour la première fois à Turin en 2006, la séance des ministres avait le même objectif : porter à la connaissance du plus grand nombre les enjeux, dans le domaine hivernal, tels qu’ils sont perçus par le milieu politique. La question à l’étude de cette séance était : « Comment promouvoir une mobilité hivernale adaptée au climat ? ». Sachant évidemment que l’hiver amène de multiples complications, les gouvernements doivent modifier leurs règlementations. Les sujets ont porté sur cette problématique, notamment l’accessibilité des réseaux et le transport collectif en hiver.






Animatrice, Mme Christine Fréchette

C’est avec grand plaisir que j’animerai cette séance durant laquelle la parole sera donnée aux ministres afin qu’ils nous fassent part de leur vision relativement au thème qui nous rassemble tous ici présent à savoir « Comment promouvoir la mobilité hivernale adaptée au climat?

Permettez ainsi que je vous présente nos distingués invités à cette séance des ministres, et je vous invite durant ces présentations à retenir vos applaudissements pour les réserver pour la fin.

J’inviterais donc sur la scène :

  • le ministre des Transports et de l’Équipement du Royaume du Maroc, monsieur Karim GHELLAB;
  • également le ministre d’État aux Transports du Canada, monsieur Rob MERRIFIELD;
  • également la ministre des Transports du Québec, madame Julie BOULET;
  • la Secrétaire générale aux Infrastructures du ministère du Développement de l’Espagne, madame Inmaculada RODRÍGUEZ-PIÑERO FERNÁNDEZ;
  • le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de l'Agriculture de la Principauté d’Andorre, monsieur Viçenq ALAY FERRER.

Alors merci d’être des nôtres. Mesdames et messieurs, nos panélistes et ministres.

J’aimerais maintenant saluer la présence des dignitaires dans notre section d’honneur :

  • À savoir le ministre des Infrastructures et du Désenclavement du Burkina Faso, monsieur Seydou KABORÉ;
  • également le ministre de la Voirie et des Travaux publics, ministre reponsable des Services aux collectivités et ministre de l’Énergie, des Mines et des ressources du Yukon, monsieur Archie LANG;
  • le ministre délégué aux Transports du Québec, monsieur Norman MACMILLAN;
  • le sous-ministre du Ministère des Terres, du Transport et des Affaires maritimes de la République de Corée, monsieur Jang-Hyun CHOI;
  • le sous-ministre du Ministère des Transports de la République Dominicaine, monsieur Mayobanex ESCOTO VASQUEZ;
  • et je salue également la présence parmi nous de nombreux membres du Comité exécutif de l’Association mondiale de la route, parmi lesquels la présidente, madame Anne-Marie Leclerc.

Donc bienvenue à tous à cette séance.

Permettez que je vous décrive en quelques mots le déroulement de cette séance des ministres : 

Après un bref mot d’introduction de la ministre des Transports du Québec, j’inviterai ensuite l’Association mondiale de la route à nous faire part de sa vision de la thématique principale, à savoir « Comment assurer une mobilité hivernale adaptée au climat »;

J’inviterai par la suite les sous-ministres et les ministres à prendre la parole afin de nous présenter leur propre vision de cette thématique; et ces présentations seront suivies d’une période de questions, que j’adresserai aux ministres.

Avant de débuter officiellement notre séance, permettez d’abord que j’effectue une mise en contexte de la thématique de notre séance de ce matin.

Un fait est clair, peu importe l’endroit où nous sommes, les usagers de la route sont en demande croissante de services. Ils veulent se déplacer de manière sécuritaire en tout temps, sans allongement du temps de parcours et ce, peu importe la météo et les caprices de Dame Nature.

Pour les pays qui ont des conditions hivernales de neige et de verglas, répondre à cette demande a un coût important, sans compter qu’elle a également des impacts sur l’environnement. Préoccupation de plus en importante parmi les populations. 

Donc, comment peut-on concilier cette recherche des coûts d’entretien le plus bas possible avec des conditions optimales en matière de sécurité routière tout en réduisant au maximum l’impact sur l’environnement ? Voilà la problématique à la base de notre séance des ministres. 

Les gouvernements peuvent-ils, dans une perspective de développement durable, promouvoir une mobilité hivernale adaptée au climat qui tienne compte à la fois des coûts que cela implique tout en maintenant des conditions optimales en matière de sécurité routière? Voilà matière à réflexion.

Alors sans plus tarder, débutons cette séance. Et pour ce faire j’aimerais inviter votre hôte, la ministre des Transports du Québec, madame Julie Boulet, à vous adresser quelques mots.



Ministre des Transports du Québec, Mme Julie Boulet

Alors je vous souhaite la bienvenue à cette séance de travail. 

Vous me permettrez de souligner que nous sommes très heureux que l’Association mondiale de la route ait prévu au programme de ce congrès une séance d’une telle envergure qui regroupe des décideurs politiques de plusieurs pays.

Il me paraît très pertinent d’ouvrir ce congrès par des échanges de haut niveau; des échanges portant sur les stratégies respectives de plusieurs gouvernements-membres de l’AIPCR en faveur de la promotion de la mobilité hivernale durable.

Comment donc promouvoir une mobilité particulièrement adaptée au climat hivernal? Voilà la thématique générale de cette séance particulière.

Nous avons aujourd’hui une occasion privilégiée d’entendre les préoccupations des différents intervenants et d’ouvrir une discussion sur les enjeux et les façons de faire de chacun de nous.

Dans une perspective de développement durable, quelles orientations avons-nous dans le domaine de la mobilité hivernale? Quelles sont les attentes de nos citoyens? Quels moyens prenons-nous pour y arriver?

Nous aborderons différents aspects, tous aussi importants les uns que les autres, avec comme objectif de dégager, ensemble, des points de convergence, des traits spécifiques et pourquoi ne pas en profiter pour identifier des synergies potentielles et jeter les bases d’une plus grande coopération.

En fonds de scène, trois enjeux majeurs se dégagent : l’amélioration de la sécurité routière et de nos bilans routiers, l’importance du transport routier dans nos économies respectives, et, finalement, la diminution de l’empreinte écologique associée au transport routier.

Voilà, matière à des discussions franches et animées!

L’occasion est belle, également, pour l’AIPCR de nous présenter sa vision des problématiques hivernales et pour préciser le rôle qu’elle entend jouer auprès de la communauté mondiale des transports à cet égard.

Je vous souhaite donc à tous une excellente séance qui ne manquera sûrement pas d’être des plus intéressantes.  Merci.


Animatrice :

Merci madame la ministre. Permettez maintenant que j’invite le vice-président de l’Association mondiale de la route, monsieur Keiichi Inoue, à venir me rejoindre sur la scène afin de nous faire part de la vision de l’Association sur les problématiques liées à la thématique et le rôle qu’elle peut jouer dans ce contexte.



Vice-président de l’Association mondiale de la route, M. Keiichi Inoue

Je vous remercie de votre aimable présentation. Je m’appelle Keichii Inoue. Je suis heureux de pouvoir prendre la parole devant vous aujourd’hui. J’aimerais rappeler quelques éléments de mon poste de vice-président de l’AIPCR et de coordonnateur du thème stratégique B.

Pour commencer, j’aimerais attirer votre attention sur les rôles et les réalisations de l’AIPCR. L’efficacité des transports est indispensable à l’entretien de nos collectivités, même si cela peut être difficile à assurer durant l’hiver lorsque les difficultés sont multiples. Pour surmonter ces difficultés, l’AIPCR joue un rôle important comme lieu où les pays membres peuvent échanger les connaissances qu’ils ont accumulées et mener des recherches sur les technologies connexes.

Depuis 100 ans, l’AIPCR s’occupe de la question de savoir comment les routes et les systèmes de circulation doivent réglementer la circulation automobile. Nous nous sommes efforcés d’améliorer et de populariser une « collectivité mondiale de la route », et nous avons conçu des technologies, échangé des données et mené des relations publiques dans les domaines des routes et des transports. Pour promouvoir ces activités, nous organisons le Congrès mondial de la route tous les quatre ans et, entre chaque congrès mondial de la route, nous organisons le Congrès international de la viabilité hivernale tous les quatre ans depuis 1969 pour traiter de la viabilité hivernale.

Permettez-moi de vous parler des activités des comités techniques de l’AIPCR sur la viabilité hivernale. Les activités de l’AIPCR dans le cadre de son mandat actuel, qui va de 2008 à 2011, reposent sur quatre thèmes stratégiques, et l’on dénombre actuellement 18 comités techniques qui s’occupent avec diligence de résoudre les problèmes qu’on leur a confiés.

Les thèmes des comités techniques de l’AIPCR se sont multipliés en fonction de l’évolution de la situation. Sur le thème « Prestation de services », nous n’avons ménagé aucun effort pour améliorer la viabilité hivernale, secteur qui s’est de plus en plus diversifié au fil des ans. Nous estimons que les usagers de la route et les collectivités sont nos clients et, conscients de l’importance de la prestation de services, nous avons entrepris l’examen de tout un éventail de dossiers qui vont des questions techniques aux questions administratives.
À l’AIPCR, les activités sur la viabilité hivernale ont augmenté en ampleur au fil des ans, et nous avons apporté de très nettes améliorations aux systèmes de viabilité hivernale.

Le présent congrès prend donc tout son sens. Une question importante au cours de la récente récession mondiale a été de procéder avec efficacité à l’entretien des routes malgré le fardeau financier que cela représente. Chaque pays a pris diverses mesures et, ensemble, nous avons acquis une expérience d’une grande richesse. L’échange d’expériences et de renseignements sera extrêmement précieux pour les décideurs et les spécialistes qui veulent aller de l’avant.

Tandis que les délégués de chaque pays donnent des présentations sur les mesures qu’ils ont prises pour régler les questions qui se posent et que nous nous sommes livrés à des débats animés ici même au Québec, les intervenants qui se heurtent à des problèmes de transport l’hiver dans le monde entier nous regardent et nous écoutent avec espoir.

Compte tenu des délibérations récentes sur les questions écologiques et la crise économique, cette séance des ministres a pour but de fournir de nouvelles lignes directrices aux personnes qui s’occupent de la viabilité hivernale. Ce qui est important pour parvenir à la « viabilité hivernale durable », c’est l’efficacité avec laquelle nous fournissons nos services. De nombreux pays prennent des mesures précisément dans ce sens : en échangeant rapidement et avec précision des renseignements et en recourant à des systèmes d’aide à la prise de décisions, en assurant la sécurité de la circulation grâce à des opérations organisées de déneigement et en se livrant à des opérations rentables.

Il est extrêmement important pour les systèmes de circulation de tenir compte des impacts environnementaux, sociaux et économiques. La mondialisation a progressé et la coopération multilatérale revêt aujourd’hui plus d’importance que jamais. Je suis convaincu que cette séance sera un lieu précieux pour débattre de la façon dont les responsables mondiaux des transports régleront les problèmes de viabilité hivernale auxquels chaque pays est confronté.

Enfin, j’espère sincèrement que ce congrès à Québec, ville qui a une longue histoire et un riche patrimoine naturel et architectural, sera une expérience enrichissante pour tous. J’aimerais conclure mon discours en remerciant du fond du cœur la présidente de l’AIPCR, madame Anne-Marie Leclerc, tous les employés du comité organisateur de Québec et tous les membres du Secrétariat général de l’AIPCR qui ont fait preuve d’un travail acharné pour préparer ce congrès. Merci beaucoup.



Animatrice :
Merci, monsieur le vice-président, de partager ainsi avec nous votre vision de cet enjeu d’importance et d’avenir également. J’aimerais maintenant poursuivre en demandant à nos dignitaires de partager, de nous présenter leur propre vision des enjeux soulevés.

Et j’inviterais en premier lieu le sous-ministre du Ministère des Terres, du Transport et des Affaires maritimes de la République de Corée, monsieur Jang-Hyun Choi, à nous faire part de sa vision de la thématique. 



Sous-ministre du Ministère des Terres, du Transport et des Affaires maritimes de la République de Corée, M. Jang-Hyun Choi

Je suis heureux de l’occasion qui m’est donnée de faire une présentation sur l’état actuel des routes coréennes et de la façon dont nous les gérons l’hiver. Je commencerai par l’état général des autoroutes et les chutes de neige en Corée.

Les autoroutes coréennes couvrent environ 3 700 km selon un quadrillage de 7 x 9. Nos objectifs sont de donner accès aux autoroutes en 30 minutes depuis n’importe où, et pour répondre à tous les besoins, donner accès à n’importe quel endroit au pays en moins d’une demi-journée. Les autoroutes couvrent 39 % de notre circulation routière totale.

Viennent ensuite les statistiques sur les chutes de neige en Corée. Les régions du nord-est et du sud-ouest reçoivent une quantité relativement importante de neige. Vous voyez là une chute de neige à Séoul, qui est notre capitale. La moyenne de neige qui s’accumule dans la région de la capitale chaque année est d’environ 24 cm. Et le nombre annuel de journées enneigées est d’environ 11, ce qui n’est pas énorme. Toutefois, nous recevons beaucoup plus de neige depuis quelques années, en raison des changements climatiques. C’est pourquoi la gestion hivernale des routes revêt plus d’importance que jamais. Je vous expliquerai dans un instant la façon dont nous gérons nos autoroutes l’hiver.

Nous avons conçu un système de contrôle pour enlever la neige avec efficacité. Les chutes de neige et les conditions routières sont surveillées en temps réel, au moyen de bulletins météorologiques automatiques et de télévisions en circuit fermé. Cela nous permet de déclencher rapidement des dispositifs qui épandent automatiquement du liquide de déglaçage et qui mobilisent les équipements de déneigement. Nous nous occupons tout particulièrement de déneiger 168 points vulnérables désignés à l’avance, en installant des épandeurs automatiques d’eau salée.

Les chasse-neige et les camions de dégivrage sont préparés sur place durant la saison hivernale. Pour intervenir rapidement, lorsque environ 3 cm de neige sont attendus, les opérateurs épandent du chlorure de calcium avant même que la neige ne commence à tomber. Lorsqu’on prévoit une forte chute de neige, nous utilisons les réseaux d’information et des panneaux numériques pour dissuader les gens de prendre la route. Et, pour inciter le public à emprunter les transports en commun, nous prolongeons les heures de service et augmentons la fréquence des autobus et des métros.

Le principal centre de contrôle des autoroutes surveille la circulation et les chutes de neige en temps réel. L’accès à nos autoroutes est rapidement bloqué en cas d’encombrements pour permettre l’enlèvement de la neige. Les bretelles d’urgence et le terre-plein central restent ouverts.

Ensuite, notre système « d’entraide d’urgence » a pour but de se préparer aux situations d’urgence lorsque les automobilistes sont immobilisés sur une longue période à cause des fortes précipitations. Du matériel de secours comme de l’essence, des couvertures, de la nourriture et des médicaments sont placés à l’avance dans des abris de secours le long des autoroutes. Pour essentiellement régler les problèmes de neige, nous nous évertuons à concevoir un système de fonte de la neige qui utilise l’énergie géothermique. Nous nous assurons que ce système écologique fonctionne à long terme, moyennant de faibles coûts d’entretien.

Et j’ai gardé le meilleur pour la fin, pour vous parler du 17e Congrès mondial des STI qui aura lieu en Corée. Comme vous le savez, le Congrès mondial des STI est le plus important événement dans le secteur des STI. On l’appelle aussi « les Olympiques des transports ». Le 17e Congrès mondial des STI aura lieu dans la magnifique station balnéaire de Busan, en Corée, du 25 au 29 octobre de cette année. En particulier, la Corée s’apprête à offrir une visite de la mère de tous les embouteillages. J’espère que vous manifesterez un vif intérêt pour ce congrès et j’espère vous voir tous à Busan au mois d’octobre. Merci de votre attention.


Animatrice :

Merci monsieur le sous-ministre Choi et nous souhaitons le meilleur des succès pour ces Olympiques du transport à venir qui ne manqueront pas de rassembler beaucoup d’acteurs et d’intervenants.

Alors j’aimerais inviter maintenant le Ministre d’État aux Transports du Canada, monsieur Rob Merrifield, à nous présenter la vision du Canada en matière de mobilité hivernale.



Ministre d’État aux Transports du Canada, M. Rob Merrifield

C’est un plaisir pour moi de me retrouver avec vous autour de cette table ronde. En tant que ministre fédéral, j’aimerais d’abord vous souhaiter la bienvenue au Canada.

S’il y a une chose que nous avons apprise l’an dernier, c’est l’interconnexion qui nous relie en tant que pays, en tant que monde. Lorsque vous voyez une crise économique aux États-Unis, avec l’effondrement du marché du logement et l’effondrement des marchés financiers il y a 12 mois, qui nous a plongés dans la pire récession mondiale depuis la Deuxième Guerre mondiale, vous comprenez que nous sommes vraiment interconnectés et qu’il est important de nous réunir pour examiner des pratiques exemplaires.

Je vous félicite donc et me réjouis à la perspective de me retrouver à cette table ronde ici ce matin, en raison de ce que nous pouvons apprendre les uns des autres. Nous avons traversé une période économique difficile et nous nous sommes efforcés depuis 12 mois de relever certains des défis qui se sont présentés à nous l’an dernier. Et nous avons voulu stimuler l’économie, comme l’ont fait la plupart des pays du G20, en octroyant 2 % de notre PIB à la relance de l’économie. Nous avons tenté 3 % dans la mesure du possible, 2 % à coup sûr et peut-être 3 % dans la plupart des cas… mais nous étions à plus de 4 % du PIB au Canada l’an dernier. Rapidement, nous avons investi notre argent pour qu’il soit employé à bon escient pour la relance économique, mais de manière provisoire. Qui aurait pu penser il y a un an, devant la récession massive qui nous menaçait et l’instabilité de toute la communauté internationale, que, à peine un an plus tard, il y avait des arcs-en-ciel dans les nuages, qu’il y avait des occasions que nous avons saisies et qui nous permettront d’améliorer nos réseaux routiers, nos infrastructures afin de nous préparer à affronter les défis du XXIe siècle, dans tous les pays?

Le Canada est un immense pays : le deuxième plus grand pays du monde. Nous avons un réseau routier de 24 000 km de long. Et, comme vous le savez, ce réseau relie la province de Terre-Neuve–Labrador à la Colombie-Britannique en passant par les Prairies; c’est en Colombie-Britannique qu’auront lieu les Jeux olympiques d’hiver à compter de vendredi prochain. C’est un immense pays, et j’espère vous y voir… et profiter de ces Jeux où des athlètes du monde entier se mesureront les uns aux autres pour prouver leur excellence.

Nous avons également au Canada des routes qui se rendent dans le Grand Nord, qui sont construites uniquement sur de la glace. Et elles relient les économies du Nord aux marchés du Sud. Nous avons donc un pays très diversifié, avec un réseau routier lui aussi diversifié. Et nous sommes reliés ensemble en raison de nos échanges commerciaux et parce que, mesdames et messieurs, nous n’avons pas d’autre choix. Nous devons faire preuve de souplesse à cet égard, car ce sont des compétences partagées. Nous partageons des compétences avec nos municipalités, avec nos provinces, et nous avons chacun un rôle à jouer. Aussi, est-il très important de reconnaître la possibilité et le privilège d’être en mesure de collaborer ensemble pour atteindre des objectifs communs comme la sécurité, l’innovation écologique et les transports. Et il est agréable de constater que nous serons en mesure de réaliser une partie de cela à mesure que nous améliorons nos réseaux routiers dans tout le pays. Pour y arriver, la solution du Canada est d’investir dans les infrastructures, dans la sécurité et dans l’environnement, comme je vous l’ai dit.

Nous avons parlé des infrastructures et de leur importance. L’an dernier, nous avons investi dans notre Plan d’action économique 12 milliards de dollars qui seront consacrés à la relance cette année. Il est extrêmement important que nous agissions dans ce sens. Nous ne devons pas seulement nous préparer à affronter les conditions météorologiques de juillet et de juin : nous devons être prêts tout au long de l’année pour être sûr que notre économie prospère, que nos produits sont transportés vers les marchés d’écoulement et que nous sommes en mesure de rivaliser à l’échelle internationale et nationale.

Nous avons essuyé quelques revers : nous avons également lancé un programme d’infrastructures d’une valeur de 33 milliards de dollars qui s’est en quelque sorte enlisé car, en vertu de nos compétences partagées, nous ne reconnaissons pas toujours les améliorations environnementales ou les changements qu’il convient d’apporter afin de rationaliser le processus et de dépenser ces dollars rapidement. Il est inutile de débloquer de l’argent; après la récession, nous devons saisir la moindre occasion et agir rapidement. Et c’est précisément ce que nous avons réussi à faire. Il faut donc que l’argent sorte plus vite et que cela n’ait pas un parfum politique. En tant que politiciens, vous vous demandez : « Que voulez-vous dire par parfum non politique? » Par parfum non politique, je veux dire que nous devons nous assurer que chaque compétence partagée reçoit sa part équitable du gâteau. Et, si nous devons aller chercher de l’argent dans nos poches pour réaliser ce projet, vous avez investi et avez pris des engagements à cet égard. Et ce n’est pas forcément le choix d’un politicien, mais c’est une compétence partagée, une occasion commune pour les gens que nous représentons, les habitants du Canada, et c’est donc quelque chose que nous avons fait et qui a été couronné de succès.

De fait, nous avons lancé 6 700 projets depuis le budget de 2009, 9 milliards de dollars qui sont devenus 25,8 milliards de dollars, pour que vous puissiez vous faire une idée des possibilités de la mobilisation. Et nous sommes très heureux de pouvoir agir dans ce sens. Il s’agit d’investissements sans précédent. Je suis heureux de dire que le résultat de la collaboration et du partenariat entre nos gouvernements a donné d’excellents résultats. Nous avons vu ces projets avancer, pratiquement 100 % de l’argent destiné à la relance a déjà été attribué. Il a été utilisé l’an dernier dans une certaine mesure, mais il fallait absolument nous relever, et la majorité des projets débutera au printemps prochain. Cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas réalisé de projets l’an dernier. Et je vous citerai un exemple de projet qui s’est déroulé dans ma province, puisque je suis originaire de l’Alberta. Un boulevard périphérique autour d’Edmonton est un projet dans lequel nous avons réussi à investir 100 millions de dollars pour faciliter les déplacements de la population dans cette région et réduire les embouteillages autour de la ville. On a lancé un appel d’offres pour un passage supérieur d’une valeur de 300 millions de dollars, tel était le montant qu’il devait coûter. Mais, comme nous avons lancé l’appel d’offres l’an dernier, le contrat a été adjugé à 168 millions de dollars. Cela veut dire que l’on peut construire beaucoup plus de passages supérieurs avec le même montant d’argent, et nous avons donc saisi cette occasion.

Je suis directement responsable des infrastructures de l’Alberta et de la Saskatchewan, et nous avons réussi à réaffecter une part importante de cet argent à des projets qui avaient déjà fait l’objet d’appels d’offres. Cela a représenté 20, 30, 40, 50 % de moins en raison de l’avantage concurrentiel qui a résulté du fait que nous avons pu facturer l’an dernier au lieu de l’année d’avant. Telles sont les possibilités qui existent durant une récession, et nous devons les saisir. Nous l’avons fait dans une large mesure.

L’environnement et l’économie sont généralement des frères ennemis. Mais, en tant que gouvernement, nous ne pensons pas que cela doive être le cas et nous ne pensons pas qu’ils le soient vraiment. Nous estimons que, lorsque vous êtes pris dans les embouteillages, que vous passez moins de temps au travail, moins de temps avec votre famille, vous avez moins de chances d’être concurrentiel dans votre secteur d’activité. Et, lorsque vous êtes pris dans les embouteillages, vous émettez plus de gaz à effet de serre. Nous sommes d’avis qu’un solide projet d’infrastructures et de bonnes infrastructures routières robustes sont valables pour notre société et pour l’environnement et également pour l’économie. Nous avons investi 3,5 milliards de dollars dans des projets de transport en commun à travers ce pays, dont la plupart au cours des trois dernières années. Pour vous donner un exemple d’un projet qui a connu un franc succès, et j’espère que vous irez le visiter cette semaine, je parlerai de la Canada Line qui relie Vancouver à l’aéroport international de Vancouver. Grâce à ce seul projet, qui transporte 150 000 passagers par jour, nous évitons de produire l’équivalent de 14 000 tonnes par an d’émissions de gaz à effet de serre. Mais, plus que cela, cela atténue le stress qui s’exerce sur les routes de la région de Vancouver et permet à ces routes de servir à d’autres fins et d’être moins encombrées. C’est ce qui nous confère cet avantage concurrentiel. Et c’est précisément dans ces types de projets que nous investissons.

Nous avons investi dans des projets de transport en commun sur la ligne de métro Toronto-York-Spadina, et nous avons revitalisé la gare Union à Toronto. Nous avons investi des montants d’argent considérables, 407 millions de dollars dans le plan d’action, juste pour VIA Rail et les services ferroviaires voyageurs que la compagnie assure à travers tout le pays. Et si nous agissons dans ce sens, c’est que cela exerce moins de pressions sur nos routes. Moins il y a de pressions qui s’exercent sur les routes, mieux celles-ci résistent et plus efficaces elles sont.

Enfin, la sécurité contribue également à la viabilité hivernale durable. Et nous agissons au moyen de technologies novatrices qui permettent de relever ces défis. Nous avons conçu un réseau national d’informations météoroutières le long du réseau routier national, qui permet de savoir quand et où épandre des sels de voirie qui empêche la formation de glace sur la chaussée. Nous savons qu’en épandant du sel plus tôt, nous devons en épandre quatre fois moins. Cela n’est pas seulement bon pour l’environnement, mais également pour les routes. Et c’est également préférable pour les coffres de l’État. Nous devons donc cibler une utilisation plus efficace avec de meilleures technologies. Je suis certain que c’est l’un des éléments que nous voulons partager tout au long de cette conférence. Cela peut être utile au moment de décider si et quand vous allez prendre la route, car lorsque vous avez ces données en main, non seulement sur les sels épandus, mais aussi sur les accidents, sur le réseau routier, vous pouvez alors établir votre itinéraire de manière à contourner ces accidents, ce qui aide les secouristes qui doivent se rendre sur les lieux dans les situations d’urgence. Ainsi, ces systèmes technologiques que nous avons déployés le long de notre réseau routier contribuent vraiment à améliorer le style de vie des Canadiens, de même que l’environnement et l’économie.

Mesdames et messieurs, je suis ici pour vous transmettre un message : l’économie et l’environnement n’ont pas vraiment besoin d’être des frères ennemis. Ils peuvent se compléter l’un l’autre, et c’est ce que nous nous efforçons de faire dans toute la mesure du possible, en tant que gouvernement fédéral. C’est un véritable plaisir pour moi d’être là avec vous, je vous invite à échanger vos expériences et vos succès les uns avec les autres, et je félicite ceux qui ont organisé cette conférence ici. Vous êtes un peu comme les Olympiques : ce congrès a lieu tous les quatre ans; il y a un congrès d’hiver et un congrès d’été; et celui d’hiver est de moins grande envergure que celui d’été, et il se déroule en même temps que les Olympiques. Félicitations, j’ignore lequel est arrivé en premier. Merci.


Animatrice :

Merci monsieur le ministre, merci de nous rappeler à quel point la crise économique a constitué un levier en fait pour ramener les investissements dans les infrastructures routières au cœur de la plate-forme politique. Ça me rappelle en fait ce que disait le chef de cabinet du président Obama l’an dernier, à savoir qu’il ne faut jamais gaspiller une crise. Je crois qu’au Canada, cette crise financière que l’on a connue, a permis justement de relancer les investissements publics dans les infrastructures.

J’aimerais maintenant inviter la Secrétaire générale aux Infrastructures du ministère du Développement de l’Espagne, madame Inmaculada Rodríguez-Piñero Fernández, à nous présenter la politique de l’Espagne à l’égard de notre thématique que je vous rappelle « Comment promouvoir une mobilité hivernale adaptée au climat? ».



Secrétaire générale aux Infrastructures du ministère du Développement de l’Espagne, Mme Inmaculada Rodríguez-Piñero Fernández

Qu'il me soit permis pour commencer de féliciter l'Association mondiale de la route, pour le travail quotidien qu'elle accomplit et dont la tenue de ce Congrès et une illustration. Nous avons la ferme conviction que c'est par la coopération, la collaboration et la mise en commun des expériences de chacun d'entre nous que nous pouvons obtenir ensemble et individuellement les meilleurs résultats,  ceci étant la meilleure chose que nous puissions faire pour nos concitoyens. Je veux aussi remercier les autorités du gouvernement fédéral du Canada, du gouvernement du Québec, pour leur hospitalité et leur accueil. Grâce à eux notre séjour au Canada sera des plus agréables. Je peux vous assurer que si c'est la première fois que je suis ici, ce ne sera pas, de toute évidence, la dernière. Je vous remercie infiniment.

Permettez-moi de commencer mon intervention en vous expliquant ce que nous faisons au gouvernement espagnol en matière d'entretien et de viabilité hivernale, les améliorations que nous avons introduites et celles que nous allons continuer d'entreprendre. La première chose peut-être qu'il importe de dire et de vous faire remarquer est que si l'Espagne est indéniablement un pays de plages magnifiques, de côtes et de soleil, elle n'est pas que cela. L'Espagne est un pays très montagneux. Son altitude moyenne est de 600 mètres, ce qui dépasse de loin celle de la majorité des pays de l'Union européenne. Nous devons compter avec une orographie  compliquée, nous avons d' importantes pistes de ski et des montagnes qu'il nous faut atteindre avec notre réseau d'infrastructures afin de garantir les meilleurs moyens de communication possibles et d'en assurer l'entretien dans des conditions climatiques des plus défavorables.

L'Espagne est un pays complexe, le cadre institutionnel dans lequel s'inscrit notre action étant nettement défini. Il y a l'Administration centrale qui est responsable de la politique nationale, laquelle touche le pays dans sa totalité. Celui-ci est divisé en 17 régions, 52 provinces et plus de 80 000 communes. Le réseau routier espagnol est constitué des infrastructures de voirie que les administrations intervenantes possèdent ensemble ou séparément. L'État possède les deux tiers du réseau à grande capacité et le dixième du réseau de routes à  chaussée unique. Considérez que le réseau couvert régionalement par le ministère du Développement représente 15 % de la totalité du réseau mais qu'il supporte plus de 51 % du trafic total.

En matière de viabilité hivernale, trois ministères sont concernés par la mise en place des actions appropriées. En premier lieu figure le ministère de l'Environnement duquel dépend l'Agence gouvernementale de Météorologie, ce qui est fondamental, car il est primordial de pouvoir disposer d'une information météorologique adéquate, notamment pour les travaux de viabilité hivernale qui exigent que l'on puisse  disposer de prévisions fiables, au moment opportun. Le ministère du Développement par l'intermédiaire de la Direction générale des routes à qui revient la surveillance permanente du réseau, tous les traitements préventifs et curatifs, la définition des restrictions de circulation à prendre en accord avec le ministère de l'Intérieur. Le ministère de l'Intérieur, par l'intermédiaire  de la Direction générale du trafic, est chargé, comme je l'ai dit, de la surveillance de la circulation et de l'établissement des restrictions, en accord avec la Direction générale des routes et, finalement, pour ce qui relève de l'administration d'État, c'est la Direction générale de la protection civile et des urgences qui est chargée d'apporter un appui ponctuel aux administrations des communautés autonomes et des administrations locales et surtout de porter assistance aux citoyens qui pourraient se voir affectés par des restrictions de circulation sur une période de temps prolongée.

De plus, comme  l'action de l'État se répartit sur les territoires auxquels j'ai fait référence, nous trouvons dans chaque province et dans chaque région des délégués et des sous-délégués du gouvernement. Ce sont eux qui coordonnent les actions avec les autres administrations, d'où l'importance évidemment d'une coordination adéquate pour assurer aussi bien la prévention et le service hivernal que l'attention aux usagers. Cette coordination est garantie par une Commission interministérielle qui, outre les réunions périodiques qu'elle convoque, assure un contact permanent afin de garantir un fonctionnement efficace et efficient de chacune des mesures prises par les administrations respectives.

Comment se matérialise notre politique en matière de viabilité hivernale? La première chose que je voudrais souligner est que depuis 2004, le gouvernement de José Luis Zapatero a clairement dégagé une priorité qui est l'entretien et la sécurité - l'entretien étant la condition sine qua non pour que soit garanti un maximum de sécurité. C'est un pari important en matière d'entretien et de sécurité routière qui s'est immédiatement répercuté dans les ressources budgétaires mises à disposition dans ce domaine. Prenez en compte que si, en 2004, nous consacrions 632 millions d'euros à l'entretien et à la sécurité routière, en 2010, le Parlement a approuvé une dotation de presque 1,3 milliard (1 257 millions) d'euros ce qui est plus du double sur une période de 6 ans. Au cours des dernières années, nous avons augmenté considérablement les ressources budgétaires, et les résultats de cette augmentation de la dotation ont suivi. Prenons par exemple le nombre de chasse-neige, il est passé de 561 en 2003-2004 à 1268 en 2009-2010, soit plus du double. Quant à la capacité de stockage des fondants, elle est passée de 57 millions de tonnes en 2003-2004 à plus de 185 millions de tonnes cette année, les moyens nécessaires ayant été pris pour nous permettre d'agir préventivement.

Aussi, n'avons-nous pas été pris de court par les grandes tempêtes qu'ont connues les États-Unis, le Canada et l'Europe, car nous étions parés pour la pire des situations. Un élément de toute première importance que nous nous sommes efforcés de développer et pour lequel nous poursuivons nos efforts est la construction de stationnements pour les camions et les autobus. Lorsque d'importantes chutes de neige sont prévues et qu'elles se produisent, la première chose que nous ayons à faire c'est de retirer à temps de la circulation les camions et les autobus afin qu'ils ne provoquent pas des situations qui entraveraient la mise en œuvre efficace de nos engins et qu'ils n'occasionnent des problèmes de circulation. C'est pourquoi nous avons construit au cours de ces 6 années 25 stationnements stratégiquement situés à proximité de zones pourvues de tous les services, afin de leur offrir les meilleures conditions possibles, advenant le cas où ils auraient des heures à passer dans cette situation. Nous en avons construit 25, 11 sont en cours de construction et nous avons le projet de créer 19 stationnements supplémentaires.

Les dépenses allouées actuellement à la viabilité hivernale s'élèvent à un peu plus de 61 millions d'euros. Si l'on considère que le budget consacré aux infrastructures routières est de 5,1 milliards d'euros et que 24 % de ce total est consacré à l'entretien, le budget consacré à la viabilité hivernale représente 5 % de l'ensemble du budget de l'entretien.

Comment procédons-nous? Nous sommes convaincus que pour pouvoir exécuter adéquatement toutes les tâches de viabilité hivernale, le principal outil dont nous disposions est sans aucun doute une information adéquate et complète fournie au moment opportun. Ceci est fondamental et c'est la raison pour laquelle nous nous efforçons depuis un certain temps déjà, d'équiper nos chasse-neige d'un système de positionnement GPS de façon à pouvoir déterminer, grâce au repérage en temps réel, le type de traitement préventif ou curatif mis en œuvre par chacune de nos équipes. Ceci nous permet une évaluation simultanée et immédiate des actions menées, afin de pouvoir les renforcer en cas de besoin ou de les corriger si nous le jugeons convenable.

Le 10 janvier dernier nous avons connu, dans l'aire métropolitaine de Madrid, une des plus fortes et mémorables chutes de neige de ces dernières années. Sur cette aire de 800 km de routes, 133 chasse-neige sont intervenus, ce qui a permis de déneiger parfait les routes du réseau national et d'apporter un appui aux autres administrations, comme à la Communauté autonome de Madrid et à la Mairie, car nos équipements sont arrivés en renfort là où le besoin se faisait sentir. Travailler en coordination comme que nous le faisons favorise, comme je l'ai dit, la sécurité routière.

J'ai laissé un résumé de ma présentation avec un tableau qui reprend bien tout ce que je vous ai expliqué jusqu'à présent, sur la façon dont nous mettons en œuvre tout le système d'actions et de coordination.

Quelles sont les principales lignes d'action que nous nous sommes données et que nous allons continuer à mettre en place? En premier lieu, poursuivre l'amélioration des systèmes de prévision météorologique afin d'améliorer encore la probabilité de succès avec une anticipation suffisante. À ce propos, permettez-moi de vous raconter une anecdote. Aucune chute de neige n'était prévue ce jour-là, et voilà que, sur Madrid, il se met à neiger abondamment. Aucune alerte n'avait été donnée. Alors, à la Commission interministérielle, nous avons pris nos téléphones pour nous mettre en contact les uns avec les autres, à l'intérieur même du Ministère, pour vérifier s'il y avait eu une erreur, car nous n'avions pas été avertis par l'Institut national de météorologie que nous étions en alerte orange. On appelle alors l'Institut où l’on nous dit qu'il n'y a pas d'alerte orange, que ce sera fini en moins d'une heure et que la neige ne prendra ni sur les trottoirs ni sur la chaussée, et que, par conséquent, il n'y a pas lieu d'intervenir.

Je dois vous dire que nous avons passé une heure d'intense inquiétude, attendant la justesse des prévisions météorologiques et, effectivement, elles ont été exactement comme prévu. Ceci est le résultat manifeste de l'amélioration de la capacité de prévision chez tous les intervenants en météorologie. L'autre élément que nous jugeons fondamental est le renforcement des moyens de communication, afin de transmettre l'information à la population et de faire les recommandations qui s'imposent, car à l'annonce d'une chute de neige abondante, on ne peut pas continuer à fonctionner de la même manière, comme si de rien n'était. Utiliser son véhicule pour ses déplacements n'est pas recommandé.

Nous consacrons de grands efforts en matière de pédagogie, dans nos campagnes de sensibilisation à la population : faire l’entretien à temps pour la sécurité et le bien de tous. Nous considérons cet élément comme l'un des plus positifs de cette campagne, car nous avons obtenu des améliorations remarquables grâce à la radio, à la télévision et à l'information appropriée donnée au moment opportun. Nous avons amélioré nos canaux de coordination entre l'État et les Communautés autonomes, et il nous faudra adopter d'autres mesures encore pour améliorer les moyens. J'ai mentionné les stationnements prévus pour les camions et les autobus, il nous faut aussi améliorer le système d'information qui leur est destiné; nous nous y efforçons ainsi qu'au renforcement du transport public ferroviaire dans de telles situations.
 
Au cours de cette dernière campagne, devant la menace de tempêtes de neige, c'est un des points sur lesquels nous sommes intervenus. Un grand effort a été fait non seulement pour les routes, afin qu'elles soient déneigées et maintenues dans les meilleures conditions possibles, mais aussi pour les chemins de fer. Le service de transport entre les banlieues et les grandes villes a été considérablement renforcé, et nous avons obtenu dans les moments de plus grande intensité de précipitation une diminution considérable –de plus de 20 %– de l'utilisation des voitures en faveur du transport ferroviaire de proximité et du métro. C'est pourquoi notre ligne d'action actuelle consiste à renforcer le transport public, à veiller au bon état de notre réseau routier et à l'améliorer encore, en garantissant à la population le meilleur service possible. Nous sommes conscients évidemment, et ce, d'autant plus que nous sommes en période de crise économique, que –comme l'a si justement mentionné le ministre du gouvernement fédéral du Canada– il nous faut toujours chercher dans ce travail qui est de notre responsabilité, l'équilibre entre les moyens que nous consacrons à nos politiques, le coût économique et la meilleure durabilité environnementale. Car telles sont les exigences de nos concitoyens.

Voilà l'esprit qui nous anime, voilà le travail que nous menons et tel sera et continuera d'être notre apport à l'Association mondiale de la route. Mon souhait est que tous ensemble nous continuions à y travailler. Merci beaucoup.


Animatrice :

Merci, madame la secrétaire-générale, de nous avoir fait part de ces nombreux défis auxquels vous faites face notamment en matière de coordination des actions et également en matière d’efficacité des communications. Je crois que votre présentation mettait bien de l’avant l’ampleur de ces enjeux, merci à vous.

C’est maintenant au tour de l’hôte de notre prochain Congrès international de la viabilité hivernale en 2014, le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de l'Agriculture de la Principauté d’Andorre, monsieur Vicenç Alay Ferrer, de nous présenter la position d’Andorre en regard de la thématique de notre séance.



Ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et de l'Agriculture de la Principauté d’Andorre, M. Viçenq Alay Ferrer

Dans un document que nous a fourni le congrès dans la séance des ministres, il y a des objectifs bien sûr, il y a le thème, il y a certains propos qui se déploient en trois volets : l’économie, la sécurité routière et la diminution de l’empreinte écologique, on en a déjà parlé avant moi. Mes chers collègues, je veux vous proposer une réflexion sur une réponse à l’environnement en mobilité bien sûr associée à l’Andorre.

Pour répondre aux défis environnementaux, il est nécessaire, entre autres, d’aborder deux aspects-clés fondamentaux pour réussir dans cette stratégie : la dimension sociale et la dimension politique.

Il est, par conséquent, nécessaire de percevoir correctement les problèmes et les solutions qui se posent, dans notre cas, de favoriser la compatibilité entre la croissance économique et le respect de l'environnement. Il faut, d’une part, grâce à l'innovation technologique, obtenir une plus grande satisfaction sociale et économique en utilisant moins de ressources et, d’autre part, grâce à l'innovation sociale, il faut savoir s’organiser différemment, générer moins de problèmes environnementaux causés par les transports, par la mobilité des personnes et des marchandises, par la consommation d’eau et d'énergie, et par la planification stratégique urbaine et du territoire.

L'innovation sociale est probablement la plus difficile. En effet, il faut réussir à réduire les résistances causées par l'inertie et les intérêts sociaux, économiques et politiques, toujours présents dans cet environnement. Par conséquent, non seulement l'évolution des valeurs de la société est absolument nécessaire, mais aussi la capacité des gouvernements à diriger et en particulier pour notre pays frontalier, la coopération sociale et celle des entreprises, notamment des états voisins.

Il est donc nécessaire de vouloir grandir, mais aussi de vouloir changer et, en définitive, passer d'une culture de la liberté à une culture de la limite volontairement convenue. Cette nouvelle culture doit être basée sur de nouvelles valeurs, avec des arguments clairs autour du rapport coût/bénéfice, et en mettant particulièrement  l’accent sur la formation à tous les niveaux, et avec la complicité sociale nécessaire.

Il faut également un discours dans la dimension politique qui se structure à travers la sobriété de l'argument : « tout changer est peu crédible ». Il faut un discours cohérent entre ce qui est dit et ce qui est fait; un discours transparent sur l'information, pour exprimer aussi bien ce qui est positif comme ce qui est négatif, pour expliquer les coûts et les avantages réels et, en définitive, un discours de respect, qui appelle au raisonnement et au libre choix à la décision des citoyens.

C'est pourquoi nous devons :

  • Quantifier avant d'agir. Ce qui peut être mesuré peut être compris, ce que nous pouvons comprendre peut se contrôler et ce qui est contrôlable peut être amélioré.
  • Ne pas s'attendre à des changements radicaux dans l'engagement environnemental. Il vaut mieux assurer une bonne connaissance et compréhension du message que forcer sa priorité sur l'échelle des valeurs pour le destinataire.
  • Maintenir l'unité d'action au moyen de coalitions positives. Nous devons rassembler les efforts des administrations, des entreprises, des groupes sociaux, des familles et des citoyens. Et nous devons aussi éviter la confrontation idéologique et le rôle patrimonial de l'unicité des solutions (le despotisme illustré, si vous me permettez, ne devrait jamais s’appliquer aux questions environnementales).
  • Préparer néanmoins la gestion des conflits. Il faut le faire, en évitant toutefois la naissance d’une « culture du non ».
  • Décider. En étant convaincu de la responsabilité que nous avons dès aujourd'hui et pour demain.
  • Et enfin, formuler la question : Utilisons-nous nos ressources correctement? Est-ce le pays que nous voulons laisser en héritage à nos enfants? C’est dans la réponse que se trouve notre engagement en tant que pays. Merci.

Animatrice :

Merci, monsieur le ministre, pour cette présentation qui fait bien montre de l’ensemble des défis qui existent pour tenter de concilier à la fois les enjeux économiques, environnementaux et sécuritaires, tenter de trouver les compromis sans bousculer les façons de vivre. Je crois qu’il y a là un défi pour l’ensemble des panélistes ici présents et des gens dans la salle également.

Donc j’aimerais poursuivre maintenant en invitant le ministre des Transports et de l’Équipement du Royaume du Maroc, monsieur Karim Ghellab, à nous présenter la position du Maroc à l’égard du traitement réservé à la mobilité hivernale. Et à ceux qui s’étonneront de voir le ministre du Maroc traiter de ce sujet, j’aimerais rappeler que certains secteurs des Monts Atlas, au sud du Maroc, reçoivent près de 200 centimètres de neige annuellement. Ce qui en fait un pays fort agréable à visiter du fait de sa diversité et j’ajouterais de sa gastronomie.



Ministre des Transports et de l’Équipement du Royaume du Maroc, M. Karim Ghellab

C’est toujours avec un grand plaisir que je participe aux congrès de l’Association mondiale de la route, et il est maintenant d’ordre de la tradition que le Maroc continue de manière extrêmement intéressée à la collaboration avec l’Association mondiale de la route.

Je rappelle pour mémoire que le Maroc a eu l’honneur d’organiser, il y a pratiquement maintenant 20 ans, un Congrès mondial de la route à Marrakech. J’ai moi-même eu la chance de participer à plusieurs congrès : à Durban, à Lulea en Suède pour un congrès de la viabilité hivernale, à Paris récemment, etc. Je voudrais, en tant que pays membre de cette association, insister sur l’importance de l’Association mondiale de la route comme un forum d’échanges, d’échanges d’expertises qui est extrêmement précieux, de compréhensions mutuelles et de progrès collectif, association d’autant plus pertinente et importante que c’est une association de gouvernements et donc qui est éloignée des problématiques commerciales. Donc, c’est une association qui a une certaine neutralité sur ces différentes questions. Et je profite de cette occasion pour insister sur son importance et encourager tous ceux qui y travaillent des différents gouvernements à poursuivre leurs travaux.

Je voudrais aussi vous féliciter pour cette innovation, ce concours de chasse-neige qui est une formidable reconnaissance à nos valeureux conducteurs de chasse-neige qui travaillent dans des conditions difficiles. Évidemment, ce ne sont pas les seuls à travailler dans des conditions difficiles. D’autres corps travaillent dans des conditions difficiles, mais c’est une bonne occasion de les encourager et de les féliciter.

Alors, comme ça été dit précédemment, le Maroc est un pays de contrastes environnementaux et géographiques. Au Maroc vous trouverez bien sûr les plaines atlantiques et les côtes de la méditerranéenne mais aussi le désert du Sahara et les montagnes du Rif et de l’Atlas avec des chutes de neige extrêmement importantes. Et nous sommes très concernés par les problèmes de viabilité hivernale, d’autant plus concernés que nous devons faire face à cette nature très contrastée. Certaines provinces sont concernées en même temps par des problèmes de viabilité de la route, par les problèmes d’ensablement dus aux dunes désertiques et par les chutes de neige, tout ceci évidemment à des saisons différentes.

Alors, pour donner une photographie rapide du secteur routier et du réseau routier au Maroc et de ses problèmes de viabilité hivernale, 38 554 km représentent le réseau à la charge de l’État. Le réseau autoroutier fait 920 km aujourd’hui et 550 sont en construction. D’ici deux ans, ces travaux seront achevés. On aura donc un réseau d’à peu près 1 500 km d’autoroutes plus les 38 500 km de routes revêtues. Une croissance du trafic qui suit la croissance économique avec pratiquement 10 % de croissance par an du volume de trafic, un réseau enneigé de 5 000 km et qui est réparti sur 15 provinces sur 51 provinces. Donc, c’est à peu près le tiers des provinces qui est concerné par la viabilité hivernale. Donc, c’est loin d’être anecdotique. Des chutes de neige qui peuvent atteindre 74 jours par an. C’est extrêmement important avec une moyenne de 20 jours par an. Des ères de fermeture de routes totalisant en moyenne à peu près 2 000 heures par an et, en situation exceptionnelle telle que l’année dernière par exemple, 9 660 heures de fermeture et un linéaire de routes enneigées par an qui varie entre 3 400 à 4 900 km de routes enneigées.

Donc, simplement pour résumer que, cette réalité, nous y faisons face dans la mesure de nos moyens bien sûr pour permettre la meilleure mobilité et la meilleure sécurité aux citoyens. Alors, j’interviendrai assez rapidement sur les trois thématiques qui ont été proposées sur l’arbitrage entre mobilité et économie, sur la question de la sécurité routière et de la mobilité de la sécurité routière et de la viabilité hivernale et enfin sur l’empreinte écologique.

Alors, sur l’arbitrage entre économie et mobilité, je dois dire que la question de la viabilité hivernale et de la perturbation des routes est extrêmement mal comprise, mal vécue et que nos citoyens –peut-être est-ce aussi causé par la nature contrastée de notre géographie et de notre climat– tolèrent très peu la fermeture de routes.  La priorité donnée est donc, et c’est aussi un désastre stratégique de notre ministère, la mobilité. Bien sûr en fonction des moyens qui nous sont dédiés et que nous veillons à augmenter chaque année. Mais la priorité est donnée clairement à la mobilité, à l’ouverture des routes.

Naturellement, la question de l’économie n’est pas absente. Mais, nous estimons que le coût des moyens mobilisés y reste associé, de l’impact des fermetures de routes sur le transport des marchandises, sur le coût des matières premières, dans certains centres en cas de fermeture, toutes les marchandises augmentent de 25 à 30 %. Il y a aussi des effets sociaux assez dommageables pour les écoles, les centres de soins, les hôpitaux. Et donc, nous nous posons plus la question d’ouvrir les routes que l’économie ou la réduction des des coûts. Alors, encore une fois, la question de l’économie étant absence, nous avons des stratégies rationnelles d’intervention.

Il y a trois niveaux d’intervention par rapport au réseau routier, et ce réseau routier est hiérarchisé dans chacune des provinces en trois niveaux : S1, S2, S3. Le réseau dit stratégique est celui qui reçoit le premier des interventions. Il a le standard. C’est l’ouverture des routes au plus tard quatre heures après la chute de neige. Le deuxième niveau c’est pour atteindre les centres, les chefs-lieux des communes. La durée moyenne d’ouverture est d’une journée et demie. Le niveau S3, ce sont les autres routes qui peuvent atteindre deux jours et demi à trois jours en moyenne. Il y a aussi une autre réalité, ce sont les pistes de désenclavement qui sont dans les montagnes, des pistes assez difficiles et ne sont pas bitumées en général et sur lesquelles nous intervenons en troisième lieu.

Toujours dans cette question de stratégie et d’économie, nous avons une période de préparation qui se passe pendant tout l’été et la localisation du matériel se fait dans des zones stratégiques pour pouvoir réduire les temps d’interventions. Voilà donc le premier point. Un petit mot sur les moyens qui sont mobilisés. Donc, à peu près une équipe de 250 personnes, une centaine de matériels, d’unités de matériel spécialisé et à peu près le double de matériel standard. Donc, la manière politique avec laquelle nous abordons ce problème, c’est d’augmenter ses moyens et satisfaire au maximum la demande de mobilité des populations.

Pour ce qui est de la sécurité routière, alors là, si on doit arbitrer entre mobilité et sécurité routière, là la question et l’arbitrage va plus évidemment en faveur de la sécurité où des dispositions très rigoureuses sont prises pour assurer la sécurité. Nous n’avons pas déploré d’accidents depuis plusieurs années, au moins sept ans, d’accidents dus à la viabilité hivernale par exemple des personnes qui seraient restées bloquées dans une tempête de neige sur une route. Cela n’est jamais arrivé au cours des dernières années, au moins les sept dernières années. Donc, beaucoup de rigueur sur les barrières de neige, sur la signalisation routière, sur le respect des modes de circulation en convoi, sur l’information des citoyens, sur l’orientation du trafic sur des itinéraires alternatifs, sur les communiqués de fermeture de routes, sur des panneaux à messages variables, sur le patrouillage des patrouilles de viabilité hivernale entre les barrières, sur le gardiennage de sections enneigées, etc. Et là bien sûr, l’information au public joue un rôle de plus en plus grandissant.

Enfin, je voudrais conclure sur l’empreinte écologique. C’est un souci que nous partageons évidemment. Il est clair que la viabilité hivernale coûte en empreinte écologique une surconsommation du carburant, du lubrifiant, l’utilisation aussi des sels et des fondants routiers qui peuvent polluer la nappe et avoir des impacts nocifs sur les équilibres écologiques. Alors, sur ce point, j’aimerais préciser que ces questions sont prises en compte pour les diminuer au maximum dans la phase de préparation et un certain nombre d’actions sont mises en œuvre. Par exemple, au lieu d’utiliser du sel, nous utilisons essentiellement de la pozolan qui est un matériau naturel qui se trouve dans les montagnes de l’Atlas qui a le même effet et qui a aucun impact sur la biodiversité et sur la qualité des sites et des paysages. Donc le sel est rarement utilisé dans ces zones où nous trouvons ce matériel. Voilà! Encore une fois bravo et bonne continuation.


Animatrice :

Merci monsieur le ministre pour cette présentation qui nous a permis de bien saisir la dualité qui peut exister et les dilemmes en fait qui se présentent pour la gestion de ce secteur, donc dualité entre mobilité et économie, mobilité et sécurité, efficacité et empreinte environnementale, et la réponse que vous y avez apportée était particulièrement claire, donc merci.

J’aimerais maintenant inviter notre hôte, la ministre des Transports du Québec, madame Julie boulet, à venir s’adresser à vous pour expliquer la politique du Québec en regard de cette mobilité hivernale.



Ministre des Transports du Québec, Mme Julie Boulet

Alors ici au Québec, on peut dire que mon pays c’est l’hiver et je pense que tout le monde connait la neige. Le Québec reçoit en moyenne 300 cm de neige par année et je ne sais pas si vous avez visité le kiosque de Québec, en fait oui la Ville de Québec, monsieur le maire se faisait un plaisir hier de nous montrer une montagne de 584 cm. C’est la neige que la ville de Québec a reçu il y a 2 ans à peu près. Donc, ça été une année exceptionnelle mais on peut se poser la question : 584 cm de neige, une montagne énorme. Alors au plan de la mobilité des personnes, évidemment, il y a une problématique, il faut être innovateur, il faut être proactif, il faut faire en sorte qu’on puisse déplacer toute cette neige le plus rapidement possible pour faciliter le déplacement des personnes et des marchandises. Alors c’était tout un défi pour la Ville de Québec et assurément des coûts importants à son budget.

À l’image d’autres habitants des pays nordiques, les Québécois doivent composer avec tous les soubresauts de l’hiver pour maintenir une vie sociale et le développement économique du Québec. Parce que, évidemment, la neige et le déplacement des personnes ont un impact autant sur la vie sociale que sur la vie économique de nos entreprises. Je vais toucher trois sujets, en fait les trois mêmes sujets finalement qui ont été abordés par mes collègues : la sécurité routière, l’économie et le développement durable et la réduction de l’empreinte écologique.

Alors au plan de la sécurité routière, je vous dirais que le gouvernement en a fait une priorité. L’année 2007 a été nommée au Québec l’année de la sécurité routière. On a mis en place à l’époque ce qu’on appelle, et elle est toujours active aujourd’hui, la Table québécoise de la sécurité routière autour de laquelle on retrouve plus de 70 partenaires impliqués de près ou de loin à la sécurité routière et qui se sont penchés sur toutes les problématiques de la sécurité routière qui ont fait au gouvernement des recommandations. À la suite de ces recommandations, il y a des projets de lois, des règlements qui ont été mis en place et, aujourd’hui, on est très fier parce qu’on a des résultats très concrets quant au bilan de la sécurité routière.

Alors évidemment l’immensité de notre territoire, le climat rigoureux et, comme partout ailleurs, l’accroissement du nombre de véhicules et de déplacements posent un défi constant au personnel chargé de l’entretien du réseau routier.

Au Québec, au cours des 20 dernières années, le nombre de véhicules en circulation a presque doublé. Malgré cela, l’année 2008, comme je vous le disais, affiche une bonne performance au plan de la sécurité routière. Le bilan routier fait état de 557 décès, soit 64 de moins que l’année précédente, ce qui représente une diminution de 10,3 %.

On en est très fier, et je pense que dans le bilan de l’année 2009, on va sortir prochainement le bilan de l’année 2009, on se dirige encore vers une amélioration de notre bilan, donc on aura sauvé encore des personnes, des vies humaines et je pense que c’est un travail dont on peut être très fier et je pense qu’on pourra dire mission accomplie. Il restera toujours du chemin à faire, des vies à sauver, mais je pense qu’à chaque fois qu’on pose un geste qui nous permet d’être plus vigilant, d’être plus rigoureux et qui permet aux gens aussi de se responsabiliser en tant que conducteur, je pense qu’on pourra dire qu’on a rempli une de nos missions.

Alors l’accroissement des besoins de mobilité de la population du Québec interpelle le ministère des Transports sur l’un des volets de sa mission, soit celui d’assurer des systèmes de transport efficaces et sécuritaires, et ce, peu importe la saison et les conditions de circulation.

Au cours des dernières années, plusieurs mesures sont entrées en vigueur afin d’améliorer le bilan routier en période hivernale. Par exemple, le Code de la sécurité routière prévoit dorénavant que durant la période du 15 décembre au 15 mars, les véhicules de promenade immatriculés au Québec doivent être équipés de pneus d’hiver. Il est important de rappeler qu’en matière de sécurité routière, ce type de pneu a déjà fait ses preuves.

L’une des clés de la réussite en matière de sécurité routière demeure l’information et les communications avec l’ensemble des usagers.  Annuellement, avant et pendant la période hivernale, le ministère des Transports mène des campagnes d’information et de publicité. 

Pour faciliter l’accès à cette information en tout temps, à la fois sur le Web et par téléphone, le Ministère rend disponible, depuis 2008, le Service Québec 511 Info Transports. Alors plusieurs d’entre vous connaissez sûrement en fait, ça existe dans notre pays à nous, le 911, donc les gens qui sont en situation d’urgence qui veulent téléphoner à la police pour dénoncer ou pour demander de l’aide composent le 911 pour des situations d’urgence, quelqu’un qui est malade, quelqu’un qui est attaqué. Alors nous avons mis en place le 511 Info Transports. En tout temps, 24 heures sur 24, les citoyens du Québec peuvent téléphoner à ce numéro et avoir de l’information sur les conditions routières partout au Québec, en tout temps. Alors c’est un outil d’information, c’est un outil qui nous a permis de faire en sorte que les gens s’informent parce qu’ils ont une responsabilité à l’égard de leur conduite et avant de s’engager sur un réseau routier, je pense que c’est de notre devoir, notre responsabilité de les informer sur les conditions particulières de cette route dans une situation ou une autre quand il y a une tempête, lorsqu’il y a du verglas, lorsqu’il y a de la pluie en hiver. C’est important d’informer les gens parce que si la situation n’est pas idéale et que l’on n’est pas obligé de faire le transport, le voyage, le déplacement, on peut rester à la maison et je pense que ça envoie un signal grandement sécuritaire. C’est ainsi qu’entre le 25 octobre 2008 et le 15 avril 2009, 762 000 appels ont été logés au service Québec 511. 

Alors de façon à sécuriser les opérations de déneigement et également de déglaçage, le Ministère a modifié les dispositifs de signalisation des véhicules de déneigement, augmentant ainsi leur visibilité notamment lorsque la visibilité est réduite. Ces modifications s’appliquent également à tous les prestataires de service œuvrant pour le Ministère. 

Au plan de l’économie, le ministère des Transports est responsable de la gestion du réseau routier supérieur composé de 30 299 km de route. Les exportations du Québec vers les États-Unis, l’un des principaux partenaires économiques du Québec avec l’Ontario, totalisent 51,3 milliards de dollars. Plus de 58 % de ces exportations sont acheminées par la route, donc par camions. Le réseau routier est donc l’un des maillons-clés du développement économique et social du Québec.

Durant la saison froide, l’entretien du réseau routier est réalisé par des équipes que ce soit en régie, que ce soit des entreprises privées ou encore des municipalités. Globalement, les coûts d’entretien d’hiver sont estimés à quelque 273 M $ pour le présent exercice financier sur un budget d’entretien total de 526 M $. Il s’agit de sommes importantes mais nécessaires au maintien de la mobilité des Québécois et nécessaire également au développement économique du Québec.

La qualité d’entretien du réseau en période hivernale est le reflet des attentes de la population québécoise. Ainsi, le Ministère détermine les niveaux de service à atteindre en fonction de deux principaux critères, à savoir le type de route, que l’on parle ici d’autoroutes, de routes nationales, de routes régionales ou de routes collectrices et également le volume de circulation. Par exemple, pour une autoroute présentant un volume de circulation supérieur à 20 000 véhicules par jour, le délai prescrit pour revenir à une chaussée « Dégagée » est de 3 heures après la fin des précipitations.

Au plan du développement durable et de la réduction de l’empreinte écologique, dans la foulée des interventions de notre gouvernement, le Ministère a adopté récemment un Plan d’action en développement durable afin de prendre en compte plus systématiquement les trois éléments fondamentaux que sont l’économie, le développement social et la protection de l’environnement dans l’ensemble des produits, des services et des activités. Ces trois éléments doivent toujours être considérés.

Afin de tenir compte de la grande diversité de conditions climatiques dans la prise de décision en entretien hivernal, le Ministère a entamé un important virage en matière d’innovation et de nouvelles technologies. Le Ministère s’est donc doté :

  • d’un réseau de stations météoroutières (fixes et mobiles) qui permettent de mieux identifier les interventions à effectuer sur le réseau, notamment l’épandage de fondants;
  • des nouvelles technologies de télémétrie véhiculaire dont l’implantation débutera sous peu, dans les prochains mois. D’ici 2013, tous les véhicules du parc automobiles du MTQ seront équipés de ce nouveau système qui permettra la collecte, le transfert et le traitement de données d’une grande diversité captées par ces véhicules.

Par ailleurs, un projet de Stratégie québécoise pour une gestion environnementale des sels de voirie ayant pour objectif de concilier la protection de l’environnement, la sécurité routière et le maintien de la circulation est en voie d’être finalisé chez nous.

Voilà en quelques mots l’expérience québécoise en vue de promouvoir une mobilité durable adaptée au climat. Cette expérience est évidemment en constante évolution.

En terminant, je souligne à nouveau l’importance de l’entretien d’hiver dans le maintien des activités sociales et économiques du Québec. J’insiste également sur l’importance du rôle joué par tous les acteurs qui y œuvrent et sur la nécessité que les gestes posés s’inscrivent dans un esprit de développement durable. Il va de soi que la science, la technologie et l’innovation sont d’un apport considérable à l’amélioration de nos pratiques.

L’usager doit demeurer au cœur de nos préoccupations et sa responsabilisation à l’égard de sa sécurité passe forcément par une stratégie de communication efficace et une information de qualité. Il devient donc essentiel d’échanger sur ces questions à l’occasion de forums comme celui d’aujourd’hui.

Alors c’est très important de faire de telles rencontres pour nous permettre d’échanger nos pratiques, nos façons de faire et évidemment notre objectif à tous est de s’améliorer, et je pense que les travaux qui sont organisés par l’AIPCR tout au long de l’année ainsi que les congrès et les rencontres de ce genre nous permettent de faire de grands pas et d’aller vers l’avant. Alors merci, merci à l’AIPCR et bonne continuité dans votre congrès.


Animatrice :

Merci, Madame la ministre. Je crois qu’il n’y a pas de chiffres plus parlant que cette amélioration du bilan routier que vous évoquiez au début, donc parlant pour faire montre du succès des initiatives qui ont été adoptées ces dernières années par le Ministère. Alors souhaitons que celles à venir nous permettrons de continuer d’améliorer notre bilan routier.



Période de questions avec l’animatrice et les ministres

Animatrice :

Nous allons maintenant passer à un second bloc de cette séance des ministres et je vous explique comment cela fonctionnera.

Après une courte mise en contexte, j’adresserai aux ministres une question qui nous permettra d’approfondir un des aspects qui a été abordé de manière plus globale jusqu’à maintenant. Les ministres interpellés auront de 4 à 5 minutes pour y répondre.

La première question s’adresse à monsieur Vicenç Alay Ferrer, de la Principauté d’Andorre.

La saison hivernale s’impose comme une réalité incontournable réduisant la mobilité des populations, tout en affectant le transport des biens et des marchandises indispensables à leur bien-être. Les services d’entretien permettent le rétablissement ou le maintien des activités sociales et économiques. Toutefois, elles affectent parfois négativement les milieux où elles sont pratiquées.

    • Quelles mesures ou initiatives en matière de transport se révèlent les plus efficientes à réduire l’impact négatif des interventions d’entretien d’hiver sur l’environnement, partant de l’expérience d’Andorre.


M. Vicenç Alay Ferrer :

Il me semble important de faire connaître les particularités de notre pays. L' Andorre est un tout petit pays, de moins de 500 km carrés, avec une population de 75 à 80 000 habitants et un parc automobile dépassant les 75 000 véhicules. C'est dire qu'il y a un  peu moins d'un véhicule par habitant. Notre économie est basée sur le tourisme qui est notre principale source de revenus et si l'on considère –ce fait est des plus significatifs dans le domaine de la viabilité hivernale– que l'altitude moyenne de notre pays et de 2 000 mètres (le minimum, se situant à 800 mètres), on comprend que le problème de l'hiver se présente ici sous une forme absolue. Il arrive souvent qu'en période hivernale, toutes les routes, nos 270 km de routes, se retrouvent en même temps sous la neige et occasionnent des problèmes.

Si, comme je l'ai dit, l'économie tourne pour l'essentiel autour du tourisme et particulièrement d'un tourisme lié aux stations de ski, il devient évident que le problème de la viabilité hivernale est un problème qui doit impérativement être résolu. Au cours des dernières années, il y a eu de toute évidence des progrès significatifs, à preuve la présence ici à Québec de nos propres conférenciers. Sur le plan technique de nombreuses difficultés se présentent à nous, aussi me suis-je attaché essentiellement aux aspects environnementaux. Le grand défi en Andorre n'est pas le déneigement des routes, mais la recherche d'une solution au problème engendré par la présence de tant de voitures sur les routes, sans compter une population extrêmement disséminée sur tout le territoire. Nous profitons bien sûr de tous le moyens mis à notre disposition par la technique, mais, ce à quoi nous travaillons plus spécialement, c'est à un changement de mentalité qui vise, comme je l'ai rapporté dans mon intervention, à renforcer les transports publics et à rationaliser l'usage privé dans ce domaine.

À cela s'ajoute un autre problème qui vient de ce que notre économie tourne autour du tourisme, un tourisme  qui arrive en Andorre par la route, et si la population d'ici est habituée, depuis toujours, à rouler sur des routes enneigées, il n'en va pas de même pour ceux qui viennent de Barcelone, du niveau de la mer et qui arrivent avec des véhicules insuffisamment équipés. Ceci nous oblige à faire des efforts et à faire preuve d'imagination dans la recherche de solutions. Ces solutions imaginatives sont souvent fort jolies, et peuvent se raconter dans les congrès, souvent aussi elles reviennent  terriblement cher. C'est ce à quoi nous travaillons en profitant bien sûr de toutes les avancées qui se produisent dans tous les pays, dans les expériences de nos collègues et que nous incorporons à notre travail quotidien.


Animatrice :

Merci monsieur le ministre. La seconde question s’adresse au ministre des Transports et de l’Équipement du Maroc, monsieur Karim Ghellab.

L’entretien d’hiver demeure à la base un service public. Dans un climat de rareté des ressources, le recours au secteur privé pour la réalisation de l’entretien peut constituer, pour un gestionnaire de réseau, une alternative intéressante. Doit-on y voir là une solution à tous les maux?

    • Plus particulièrement la contribution du secteur privé doit-elle être complète?Comme gestionnaire responsable de l’entretien d’un réseau routier, doit-on maintenir un certain ratio entre l’entretien hivernal réalisé en régie et celui réalisé à contrat? Y a-t-il des avantages à conserver un seuil minimum d’expertise en déneigement à l’interne d’une administration routière?


M. Karim Ghellab :

Pour le Maroc, donc, nous incluons particulièrement la question de la viabilité hivernale dans le contexte de l’entretien routier et de l’exploitation du réseau routier. Alors, pour ce qui concerne l’entretien routier, c’est-à-dire les travaux de maintenance des chaussées, de leur dépendance, des ouvrages d’art, de la signalisation routière, tous ces travaux se font par le recours des entreprises privées qui réalisent l’intégralité de ces travaux, à l’exception de l’entretien courant c’est-à-dire des tâches quotidiennes d’entretien courant qui se font en régie, c’est-à-dire par des équipes de fonctionnaires dépendant directement du ministère.

Nous avons aussi externalisé certaines pratiques par une logique d’entretien intégrale à des entreprises privées sur un certain nombre d’axes routiers de fort trafic qui donnent des résultats intéressants. Donc, c’est là l’expérience marocaine en matière de recours au privé pour l’entretien de la chaussée et de ses dépendances. En revanche, pour la viabilité hivernale, nous sommes dans une logique du 10 % public. Toutes nos interventions de déneigement, le matériel que j’ai exposé, le personnel est à 100 % public. C’est la volonté de bien maîtriser nos interventions. Alors cela dit, nous observons les expériences qui sont faites à l’étranger où, très souvent, la qualité des entreprises privées permet une relation contractuelle tout à fait fiable qui permet de mettre en œuvre le même service par le biais d’entreprises privées.

Et pour répondre à votre question, je pense que le 100 % privé pour la viabilité hivernale, à mon avis, n’est pas probant. Un minimum de moyens propres qui permettent à l’État d’intervenir directement en cas de défaillance ou dans le cas où l’entreprise privée qui a des contraintes, je dirais économiques, plus fortes où l’élasticité économique est plus faible que celle ne peut avoir l’État, est nécessaire pour permettre à l’État d’intervenir en complément à cette intervention privée.


Animatrice :

Merci donc tout est une question de dosage et d’équilibre. Ma prochaine question s’adresse à la Secrétaire générale aux Infrastructures de l’Espagne, madame Inmaculada Rodríguez-Piñero Fernández.

Le problème du vieillissement de la population touche particulièrement le monde occidental. Dans de nombreux secteurs d'activité –notamment les services d’entretien hivernal– on rencontre ou on rencontrera à plus ou moins longue échéance des difficultés pour le recrutement ou la fidélisation du personnel qualifié.

    • En tant que responsable du réseau ou en tant que client, avez-vous des difficultés à recruter du personnel qualifié pour accomplir les tâches de déneigement et de gestion du verglas?
    • Quelles mesures sont prévues pour assurer le recrutement et la fidélisation de personnel qualifié?


Mme Inmaculada Rodríguez-Piñero Fernández

Permettez que je commence en mettant en question une des affirmations contenues dans votre question. Je crois que le vieillissement n'est pas un problème. Grâce à l'état de bien-être que nous avons acquis, nous avons la chance de pouvoir vivre plus longtemps et dans de meilleures conditions, et de ce fait, nous pouvons apporter plus, en partageant plus longtemps notre expérience et notre savoir-faire. Une autre question vient du  fait que l'accroissement de l'espérance de vie entraîne l'obligation d'assurer le financement du maintien de cet état de bien-être auquel nous ne voulons pas renoncer. Du point de vue professionnel, nous n'avons en Espagne aucun problème, dans le sens de la question que vous posez et permettez-moi de vous l'expliquer. 

Notre modèle repose sur une prémisse : nous défendons le marché autant que faire se peut et nous défendons l'État en cas de nécessité. Comment cela se traduit-il dans le domaine de la viabilité hivernale?  Cela se traduit en ces termes : l'État définit les conditions et contrôle le travail confié au secteur privé et le secteur privé assure la réalisation et l'exécution des tâches. Le territoire national est divisé en 160 secteurs d'activité pour lesquels sont offerts des contrats d’entretien global d'une durée de 4 ans. Mais j'insiste, c'est le Ministère, ce sont les fonctionnaires de la Direction générale des routes qui contrôlent et évaluent, année après année, mois après mois et jour après jour, le travail en cours de réalisation, et nous en sommes très satisfaits.

De plus, les cabinets  de consultants qui assurent la gestion de l'entretien dispensent, pendant trois ans au moins, des cours annuels dont le contenu est défini par la Direction générale et auxquels participent des fonctionnaires de cette même Direction. Par conséquent, une formation permanente, une qualification permanente et, de plus, une politique de promotion interne à l'intérieur des entreprises elles-mêmes, permettent de garantir que cette formation se traduise par de meilleures possibilités d'emploi. A quoi s'ajoute, comme nous l'avons déjà dit, le plus important : nous défendons la concurrence, ce qui implique qu'il faut renouveler les appels d'offres et les contrats avec les cabinets de consultants. Or le personnel a été formé et a acquis expertise et qualification, ce qui fait que les nouvelles entreprises sont bien obligées de le garder; de ce fait nous avons mis en place un modèle dont nous constatons qu'il fonctionne depuis des années et auquel jour après jour nous apportons, comme je l'ai dit, les améliorations nécessaires mais toujours avec cette même prémisse : gestion privée, contrôle public et la garantie de la prestation de service,s qui est notre principal objectif.


Animatrice :

Merci beaucoup et je rappelle que le vieillissement n'est pas un problème mais plutôt une occasion, et que si l'on voit ce phénomène de cette façon, il peut s'annoncer de nouvelles pistes de solutions. Merci.

La prochaine question s’adresse au ministre d’État aux Transports du Canada, monsieur Rob Merrifield.

La mise en œuvre et l’utilisation de systèmes de transport intelligents (STI) dans le domaine des transports sont actuellement très présentes au sein du réseau routier. Comment cela se rapporte-t-il au domaine de l’entretien hivernal du réseau routier? Comment les technologies disponibles modifient‑elles le travail des personnes responsables de gérer le réseau routier?

    • Quels sont les systèmes de transport intelligents en place pour appuyer les travaux de déneigement et de déglaçage sur le réseau routier et quels sont les avantages associés à ces technologies?
    • Croyez‑vous que les outils de STI qui fournissent de l’information météo‑routière apportent une contribution suffisante aux yeux des décideurs responsables des opérations d’entretien des routes pendant l’hiver, compte tenu des investissements importants requis pour fournir ces données?


M. Rob Merrifield :

Je vous expliquerai plutôt combien nous sommes fiers en tant que gouvernement fédéral d’être en mesure d’investir et d’aider à étoffer le savoir sur les systèmes de transport intelligents.

Cela est attribuable en partie aux systèmes d’informations météoroutières que nous avons, aux recherches que nous avons pu financer et aux systèmes que nous avons pu mettre en place le long de nos principaux couloirs de tout le pays sur la Route transcanadienne. Et, ce qui permet vraiment cela, ce sont ces minuscules capteurs dans la chaussée. Cela nous permet de connaître les risques de verglas, la quantité éventuelle de neige et la quantité réelle, même la dynamique du gel qui se produit au dégel printanier. Cela nous permet d’accélérer les travaux d’entretien pour que les équipes soient en mesure d’épandre du sel, et, si la tempête arrive plus tôt et que la neige est déjà compactée, l’adhérence est réduite d’un facteur de quatre. Cela est très important. Non seulement cela est plus sûr pour les gens qui sont sur la route, mais il n’y a pas de risque de verglas et il y a également beaucoup moins d’usure de la route à cause de la corrosion par le sel.

De plus, cela contribue à protéger l’environnement. Mais cela permet de travailler de manière beaucoup plus efficace, de sorte qu’à long terme, cela revient beaucoup moins cher. Et, lorsque vous combinez tous ces facteurs, il s’agit d’une extraordinaire technologie, dont nous avons tous lieu d’être fiers et qui donne d’excellents résultats, même si des améliorations sont toujours possibles. Mais nous sommes enchantés de la façon dont elle fonctionne.


Animatrice :

Merci monsieur le ministre. Comme dernière question, je m’adresserai à la ministre des Transports du Québec, madame Julie Boulet.

Afin d’améliorer le bilan routier, beaucoup d’efforts et d’énergie sont consacrés au rétablissement rapide des conditions de chaussée et de conduite. Néanmoins, les exigences des usagers sont de plus en plus élevées et celles-ci ignorent souvent les limites imposées par les méthodes et les matériaux utilisés au maintien de la viabilité des réseaux. Ainsi, en conditions hivernales difficiles :

    • Croyez-vous que la responsabilité d’assurer un déplacement sécuritaire relève principalement du gestionnaire du réseau, ou est-ce plutôt l’usager qui à un rôle prépondérant à jouer en ce domaine?
    • Quelles mesures votre organisation prend-elle pour informer et soutenir les usagers dans la planification et la réalisation sécuritaire de leurs déplacements?


Mme Julie Boulet :

Essentiellement, les statistiques sur la sécurité routière nous disent qu’en temps normal, je ne parlerai pas en condition hivernale parce que ça peut être, au niveau de la route, un petit peu différent, on estime que 80 % des accidents sont de responsabilité humaine. Donc, c’est vous tous comme moi quand on est au volant de notre véhicule qui avons la majeur partie de la responsabilité à l’égard d’un accident. C’est 10 % pour l’automobile, est-ce qu’elle est en bon état? Et 30 % pour le réseau routier.

Évidemment, quand on est en condition hivernale, est-ce que le 30 % augmente à 40? Est-ce que le réseau routier occupe une place plus importante dans une composante d’accidents? Je pense que ça demeurera toujours même en condition hivernale, même si y a un défi important pour l’entretien au Ministère, ça demeurera toujours une responsabilité partagée tant pour le conducteur, celui qui est responsable de la conduite automobile, que pour le Ministère. Alors, si on pense à l’usager, donc au conducteur, il a des responsabilités à l’égard notamment, aussi banal que cela puisse paraître, de l’état de sa voiture. Est-ce que sa voiture a les freins qui sont en bon état? Est-ce qu’elle est munie de pneus d’hiver? Est-ce que le conducteur a bien déneigé sa voiture pour avoir une visibilité qui est meilleure, qui lui donne un horizon plus grand. Donc, une responsabilité premièrement de l’usager à l’égard de sa voiture. Il y a une également une responsabilité à l’égard de sa conduite automobile, comment il se comporte avec les autres usagers du réseau routier. Parce qu’on sait qu’en conduite hivernale, on doit ralentir notre vitesse. On doit augmenter les distances à l’égard des gens qui sont avant ou derrière nous. On doit respecter en tout temps le Code de la sécurité routière.

L’autre élément aussi qui relève de la responsabilité de l’usager est qu’il doit s’informer des conditions routières. Je vous en parlais précédemment dans mon allocution. Donc, il a une responsabilité à cet égard-là. Si j’emprunte telle route, quelles sont les conditions et est-ce que c’est sage, approprié et responsable de l’utiliser aujourd’hui ou si mon déplacement peut être reporté à demain? Donc, il a cette responsabilité-là de bien connaître le réseau lorsqu’il se rend du point A au point B, quelles sont les conditions sur les routes qu’il a à emprunter. Alors ça, c’est la responsabilité de l’usager et qui, je le répète, est responsable de 80 % des causes d’accidents. C’est la façon dont il se comporte. Et en hiver, il doit toujours adapter son comportement sur le réseau routier en fonction de l’environnement.

Évidemment, il y a une responsabilité aussi qui est importante relevant du Ministère, donc, l’entretien, le niveau de services. Les autoroutes, les routes à grand débit, les routes qui appartiennent au réseau routier supérieur doivent être déneigées en priorité. Donc, ce niveau de service-là, c’est une responsabilité du Ministère. Et là-dessus, je peux vous dire qu’on est très, très rigoureux, que ce soit fait chez nous à l’interne aussi si c’est donné à l’externe. Si c’est du privé, parce qu’on fait à peu près 20 % à l’interne et 80 % du déneigement est fait par l’externe, donc des privés. Je peux vous assurer que sur les contrats et dans le suivi du travail de ces gens-là, nous sommes très, très rigoureux et les objectifs sont clairs et il n’y a pas de laxisme qui doit se faire au plan de la rapidité à laquelle ils doivent déneiger et des conditions de déneigement également.

Évidement, on a une responsabilité nous en termes d’assistance aux usagers. Donc, que ce soit les gens du ministère des Transports, qui est un ministère très décentralisé, donc très présent dans les régions du Québec, que ce soit la Sûreté du Québec, que ce soit les contrôleurs routiers, il faut qu’en tout temps nous soyons présents rapidement si jamais il y a une difficulté ou une problématique sur le réseau. Donc, ça fait partie de notre responsabilité et évidemment de bien informer les citoyens et c’est dans ce contexte-là que nous avons mis la ligne 511 Info Transports pour que les gens puissent avoir accès à cette information rapidement, facilement et que les gens développent cet espèce d’automatisme lorsqu’ils se déplacent en hiver de s’assurer des conditions routières du réseau.

Alors, j’pense que c’est une responsabilité partagée, mais il faut en parler abondamment. Vous avez vu que il y a quelques années, il y avait eu beaucoup d’accidents avec les gros camions de déneigement et on a fait faire une étude cette année pour essayer de voir comment on peut faire mieux, comment on peut faire plus, donc de mieux identifier les camions, qu’ils soient plus visibles par la population. On a fait une campagne de sensibilisation à la télé qui est extraordinaire, qui parle d’elle-même et ça je pense que ça rejoint les gens. C’est un processus continu et des campagnes de publicité, il va falloir toujours en faire. Maintenir ces éléments-là dans l’esprit des gens au quotidien pendant la période hivernale. Alors j’pense que c’est un tout. C’est une priorité pour nous de sauver des vies humaines, d’être responsable, mais ça nous concerne tous également en tant que conducteurs de véhicules


Animatrice :

Merci madame la ministre. Alors, merci à l’ensemble de nos ministres et dignitaires pour s’être prêtés à cet exercice, à cet échange de points de vue. Nous en sommes fort reconnaissants. Nous souhaitons en fait que cette séance soit parvenue à définir les grands paramètres à partir desquels vous êtes maintenant invités à poursuivre les échanges et les travaux tout au long des prochains jours.

Donc, ce matin, vous avez pu entendre les maires puis les ministres présenter leur vision et les enjeux auxquels ils font face pour promouvoir une mobilité hivernale durable et adaptée au climat. À vous maintenant de poursuivre les discussions et de les transcrire dans des applications concrètes et pragmatiques, qu’il s’agisse de planification, de gestion ou d’exécution de la viabilité, de la prise en compte des enjeux et de sécurité, d’économie ou d’environnement, de développer des systèmes d’information et de technologie. En fait, nombreux sont les défis durant lesquels vous aurez à débattre durant les jours à venir, et cette séance de ce matin ne suffira probablement pas à boucler la boucle sur plusieurs de ces dossiers, mais gageons qu’ils permettront de progresser sur nombre de ces dossiers et de resserrer également la collaboration entre vous et entre les différents pays qui font face à des enjeux très semblables.

Donc, merci à nouveau à nos ministres et j’vous invite à les applaudir avec moi.

   
   
Pour faciliter la lecture du texte, le genre masculin est utilisé sans aucune intention discriminatoire.